Produire, acheter, consommer, jeter…. et après ?

Le contexte de l’histoire : le volume de nos poubelles par habitant a doublé en 50 ans.
Une fois mis à la poubelle, nos déchets ménagers sont collectés par la communauté de communes (pour nous lecteurs du Crestois, c’est la 3CPS ou la CCVD), qui les achemine vers les différentes installations du SYTRAD1 et à la verrerie de la Bégude (07) pour le verre.

Les déchets qui font l’objet d’un refus de tri et les ordures ménagères dites résiduelles (le sac gris qu’on a mis dans le bac gris) vont au centre de valorisation d’Etoile sur Rhône, qui isole les déchets organiques, et valorise ce qui peut l’être. Et après ? ce qui reste va à l’enfouissement dans une « installation de stockage de déchets non dangereux » : pour nous, ce sont les centres privés de Donzère et de Chatuzange le Goubet.

En 2021, sur les 4 800 tonnes de déchets ménagers collectés sur la 3CPS (soit 300kg par habitant), une très large majorité constitue des ordures résiduelles. Le SYTRAD a pu en recycler un quart seulement, et en valoriser au total un peu plus de la moitié. Le reste, soit plus de 2 000 tonnes de nos déchets a été enfoui sous la terre, alors que la part enfouie des déchets ménagers devrait disparaître en totalité en 2040.

Or les centres d’enfouissement ont un effet très négatif sur l’environnement : la fermentation des déchets continue de produire du méthane (un gaz 25 fois plus réchauffant que le C02) et des résidus pollués résultant de l’infiltration des eaux de pluie, pendant des décennies. Ces émanations sont traitées mais ceci est au total très coûteux pour l’environnement, comme pour nos finances.

Tout déchet produit doit être collecté, traité, recyclé en partie et/ou enfoui : tout ceci avec des installations et des process complexes, à cout très élevé. Le tri et le traitement des déchets ménagers par le SYTRAD nous coûte 222€ par tonne. Aujourd’hui à la 3CPS, la taxe pour financer collecte et traitement des ordures ménagères est à 9,6% de la base foncière (elle est 20% plus élevée à la CCVD, et 30% plus élevée dans le Diois).

A propos du SYTRAD : c’est un syndicat regroupant 12 communautés de communes d’Ardèche et Drôme nord et centre, et concernant un peu plus de 520 000 habitants.

En résumé, vous l’avez compris, nos poubelles sont trop pleines, et débordent de matières non retraitées et en grande partie non retraitables.

Que faire ? Il y a des solutions, plus ou moins simples, et la communauté de communes est en train d’en mettre en place, en application des règlementations récentes. Elle organisera deux « Journées des déchets » à l’attention des usagers les 27 et 28 avril prochains à Crest.

Nous les citoyens pouvons aussi réduire notre poubelle grise.

Améliorer le tri : ce sera encore plus facile à partir de juin prochain, puisqu’il n’y aura plus à séparer les papiers/cartonnettes et les emballages plastiques. Et puisque tous les emballages plastiques et métalliques sont désormais triables (même si une part reste non recyclable et va à l’enfouisssement, ou à la valorisation énergétique) , nous ne devrions garder dans nos poubelles grises que le non triable et les déchets organiques. Ah… les déchets organiques !

C’est tout de même 40% de la poubelle grise : plutôt moins dans les communes rurales où les habitants pratiquent souvent le compostage individuel. La loi de transition énergétique nous oblige quoiqu’il en soit à avoir une solution spécifique pour tous les déchets organiques à la fin de l’année prochaine. La 3CPS y travaille,. Il n’y aura probablement pas une solution unique pour tout le monde, mais des solutions adaptées au type d’habitat : rural ou urbain,
individuel ou collectif. Nous pouvons, les un-e-s et les autres commencer à séparer nos déchets organiques, de temps en temps, juste « pour voir » ce qu’ils représentent.

Réduire nos déchets : c’est donc réduire ce qui ne peut pas se recycler en totalité, et nous trouvons malheureusement dans le commerce beaucoup trop d’emballages non ou mal recyclables. C’est aussi acheter en vrac là où c’est accessible. C’est utiliser des contenants personnels autant que possible (pour les légumes et les fruits par exemple, mais aussi pour les préparations cuisinées du marché, ou les oeufs). C’est surtout se poser la question des déchets chaque fois que nous faisons un achat, et ne pas acheter si ce n’est pas nécessaire, afin d’éviter le gaspillage.

Certaines communautés de communes voisines ont choisi une tarification incitative des déchets ménagers, proportionnelle au poids de la poubelle grise résiduelle. En France, 200 collectivités l’ont mise en place et elle concerne environ 6 millions de personnes. C’est une modalité intéressante, qui a poussé nos proches voisins à réduire significativement leur poubelle grise. Nous allons l’examiner de plus près.

Pour réduire nos déchets, il faut aussi, avant de jeter, se poser la question du réemploi ou de la réutilisation de tous les objets dont nous n’avons plus l’usage ou l’envie, mais de çà nous parlerons au prochain numéro…

Dans la prochaine tribune : nature, poids et sort des richesses déposées en déchetteries…

conseil municipal ville de crest drôme

Dominique Marcon, conseillère municipale Ensemble Réinventons Crest – Conseillère communautaire, membre de la commission déchets.

One Thought on “Une histoire des déchets des habitants de Crest (1er épisode)

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