En juillet 2016, le maire de Crest annonçait la réalisation d’une passerelle pour les mobilités douces comprenant un espace de circulation pour les piétons et un autre pour les cyclistes. Cinq ans et 1,250 millions d’euros plus tard, dans sa vidéo de vœux 2022, le même homme nous informe que finalement, si vous êtes à vélo, vous devrez mettre pied à terre pour pouvoir l’emprunter. Imaginez votre réaction si, juste avant l’inauguration du Pont en Bois, le maire avait annoncé que la vitesse des voitures y serait limitée à 5 km/h… on en est là !

Brider l’usage d’une ‘passerelle modes doux’ pour les usagers des modes doux, c’est du gaspillage d’argent public – et cela ne va pas dans le sens de l’Histoire : nous avons une urgence climatique à résoudre, notamment en incitant les citoyens à évoluer vers des modes de transport non polluants : bref ce n’est vraiment pas le moment de mettre des bâtons dans les rayons des cyclistes.

Une décision contraire à l’intérêt des usagers

Ce revirement du maire, s’il ne date pas d’hier, reste difficile à comprendre : le bon sens voudrait, lorsqu’on est responsable d’un ouvrage aussi important, qu’on reste fidèle à son intention initiale : fluidifier et sécuriser le trafic des piétons, cyclistes, PMR et automobilistes.

Plusieurs questions se posent : Comment se justifie cette décision ? une crainte liée au risque de collision vélo / piéton peut-être ? Pourtant, avec une largeur de chaussée augmentée de 3,5 mètres sur l’ensemble pont Mistral + passerelle, il y aurait largement de quoi faire cohabiter les flux des automobilistes, cyclistes et marcheurs en toute sécurité. Mais surtout, comment et avec qui le maire a-t-il opté pour l’option « vélo pied à terre » ? Cela n’a jamais été discuté ni avec les habitants ni avec les usagers du vélo. Aucun débat non plus en commission municipale : comme tout le monde, les élus municipaux ont été mis devant le fait accompli.

C’est le moment d’agir avec les habitants

Cependant, nous disposons encore de quelques semaines avant l’inauguration de la passerelle. Profitons de ce temps pour organiser un travail participatif avec des Crestoises et des Crestois, piétons, cyclistes, automobilistes pour trouver la meilleure solution pour organiser les flux de circulation. Sollicitons les personnes ayant une expertise reconnue (techniciens de la voirie des Services municipaux et du Département, entreprises réalisant le chantier, association Vélo dans la Ville…) pour nous éclairer sur les marges de manœuvre techniques telles que : choisir la bonne place et les bonnes largeurs des bandes de circulation (la bande cyclable direction Sud pourrait-elle être positionnée sur la chaussée), organiser les débouchés nord et sud… Bref, ensemble, réinventons une manière plus adaptée d’exploiter cet ouvrage ! 

L’organisation d’une telle concertation demandera de la part de la mairie un certain engagement et pas mal d’énergie, ce qui rejoint parfaitement l’invitation du maire, dans ses vœux pour 2022, à « s’engager et à ne pas succomber à la paresse ».Nous sommes prêts à participer à l’organisation de cette action avec enthousiasme et dans un esprit constructif : faire émerger l’intelligence collective avec les habitantes et les habitants, c’est dans notre ADN.

Préparer l’avenir avec un plan de circulation

Enfin, au-delà de cette action urgente, nous invitons l’équipe municipale à se pencher de manière prospective sur les évolutions de la circulation à Crest à moyen et long terme : c’est maintenant qu’il faut imaginer le kaléidoscope des mobilités de demain dans notre ville et dans la vallée de la Drôme, en prenant en compte les évolutions des contraintes (fin du pétrole, augmentation de la population…) mais aussi des opportunités nouvelles (apparition de nouveaux modes doux, relocalisation des emplois…) Nous devons donc nous doter d’un vrai Plan global de circulation pour les 20 ou 30 ans à venir, beaucoup plus ambitieux que le simple ‘plan de stationnement’ récemment annoncé par la mairie. Bien sûr, ce plan sera à construire en bonne intelligence avec les intercommunalités qui composent notre bassin de vie. De beaux chantiers pour 2022, donc !

Tribune publiée dans le Crestois du 22 février 2022.

Agnès FOUILLEUX, René-Pierre HALTER, Dominique MARCON, Nicolas SIZARET

Agnès Fouilleux
René-Pierre Halter
Nicolas Sizaret

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