Dans deux précédents articles, nous avons parlé du tonnage de nos déchets
ménagers, de l’importance de les trier et de les apporter en déchèterie. Et après ? Lorsque nous avons séparé nos déchets organiques, trié tout ce qui peut l’être, apporté en déchèterie ce qui doit l’être, nous espérons que le recyclage prenne le relai. Or un déchet trié n’est pas nécessairement un déchet recyclé, ou du moins pas à 100%.
Je ne prétends pas présenter le sujet (oh combien touffu, chaque produit ayant ses propres caractéristiques, donc sa propre filière de recyclage !) de façon exhaustive, mais voici quelques exemples :
• L’ameublement est une filière où la responsabilité élargie du producteur s’applique
depuis 2013 : à ce jour, les résultats semblent plutôt bons puisque près de 90% des
meubles déposés en déchèterie sont en principe recyclés. Ceci s’explique par la
présence importante de bois, d’acier ou d’aluminium dans les meubles.
• Pour les déchets d’équipements électriques et électroniques, le recyclage des
différents composants représente environ 80% du tonnage apporté en déchèterie. Le
recyclage est ici un processus très complexe, mettant en jeu de nombreux acteurs,
tant les composants sont nombreux, et certains dangereux. Dans ce domaine,
l’obsolescence programmée est un fléau et la réparation devrait retrouver sa place.
• Pour les textiles, le recyclage consiste pour un peu plus de la moitié en réutilisation
en l’état, dont 5% sous forme de frippe en France, et 95% expédiés dans les pays du
Maghreb ou d’Afrique sub saharienne, qui finissent pas être débordés par les
vêtements que nous leur envoyons. Le tiers est recyclé sous forme d’effilochage ou
de chiffons. C’est une filière sur laquelle tout le monde s’accorde à dire que
d’énormes progrès restent à faire : à commencer par moins consommer de textile, ne
pas se laisser séduire par la fast fashion pas chère et les influenceurs en tout genre.
• En revanche, les emballages plastiques ménagers de la collecte sélective ne sont
valorisables que pour moitié environ : ce n’est pas à cause du mauvais tri par les
consommateurs, mais de la composition des emballages, certains plastiques ne se
recyclant pas, ou la composition de certains emballages (comme les briques alimentaires) étant trop complexe pour qu’ils soient recyclés. Les firmes d’emballages
alimentaires n’ont pas encore la contrainte d’utiliser des contenants recyclables à
100%, on est encore loin de l’éco-conception pour tout le monde. Pour la 3CPS, c’est
une centaine de tonnes par an (d’emballages triés) qui reste non recyclable. Le recyclage est assuré par CITEO, entreprise « créée par les entreprises du secteur de la
grande consommation et de la distribution pour réduire l’impact environnemental de
leurs emballages et papiers, en leur proposant des solutions de réduction, de
réemploi, de tri et de recyclage ». CITEO estime que 68% des emballages plastiques et
60% des emballages papiers sont recyclés. D’autres sources estiment que la France
n’est qu’à 41% de recyclage du plastique : il reste donc beaucoup de progrès à faire
par les fabricants !
On comprend donc que, quels que soient les efforts que nous ferons pour trier, ou recycler, il restera des déchets, des montagnes de déchets, dont certains sont malheureusement dangereux.
La conclusion reste :
les fabricants devraient avoir de réelles contraintes pour ne mettre sur le marché que des produits véritablement éco-compatibles. De notre côté, avons nous vraiment besoin de tout ce que le marché nous propose d’acheter ?